Eric Lecomte, coach sportif pour Ownsport sur Cagnes sur Mer nous relate la tentative d’Ultra Trail dans le Massif du Mercantour qu’il a effectué le 25 Août 2016, retour sur cet évènement sportif.
Le départ de l’Ultra Trail
Prévue pour des randonneurs en 16 étapes et 16 jours
Je vais tenter au gré de ma forme et de la météo de boucler cette traversée en un minimum de temps. Tout est possible dans ce genre de défi, aussi bien la réussite, l’abandon, la blessure … mais après m’être minutieusement préparé, j’aimerai boucler ce défi et me jeter dans la mer à Menton avant dimanche soir afin de mettre en place un premier « temps de référence ». Qui sait peut être qu’un jour des spécialistes comme Kilian Jornet, Antoine Guillon ou autre François D’Haene viendront défier ce beau massif du Mercantour.

Prévoyant mais léger
MAJ : récit de ma grande traversée du Mercantour !
Comme prévu, je pars mercredi au départ de la grande traversée en voiture avec un ami, au programme un repas dans un petit restaurant et une nuit en tente. Dernier moment de compagnie indispensable avant de partir pour 212 km et +11200 m de dénivelé en solitaire …
Un grand merci à Xavier pour cette soirée hyper sympa et ses encouragements.
Départ 5h d’Estenc, ponctuel, pour profiter de la fraîcheur de la nuit avant d’entrer dans la canicule qui sera l’élément qu’il faudra combattre à chaque instant de la traversée.
Mauvaise sensation au départ, sans doute due au poids du sac, plus lourd que dans une course classique ou des ravitaillements nous attendent régulièrement. Malgré tout j’avance bien.
Les 30 premiers kilomètres défilent assez vite, les jambes répondent présent. Les décors plus jolis les uns que les autres se présentent à moi, je prend note d’endroits que je découvre et ou il faudra que je retourne prendre le temps d’apprécier.
Première pause après 6h de course
Il est approximativement 14h quand les premiers signes de lassitude se font ressentir. Après 6h de course, à l’approche du refuge de Vens (km 56 +3400 -2900), l’heure de prendre une 1ère grande pause et de manger quelques choses de plus consistant que les bars énergétiques que j’ai dans le sac. Une sieste de 20 minutes, puis je prend le temps d’admirer du refuge les lacs de Vens en contrebas, le spectacle est exceptionnel et redonne du baume au coeur.
La chaleur est accablante, mais c’est clairement l’ennemi le plus agréable à combattre, bien plus qu’un vent puissant, qu’un brouillard épais, que la pluie ou pire encore, les orages.
C’est reparti avec l’intention de gérer l’après midi sans se cramer, la route est encore longue très longue… l’objectif est de manger voire dormir selon l’état au kilomètre 81 au refuge Alexandre Foches en Italie. Cela ferait un peu plus du tiers de la traversée et me mettrait dans de bonnes conditions pour finir en 3 jours ou 3 jours et demi qui était l’objectif de départ. Soit encore 25 kilomètres à avaler.
Les jambes commencent à ressentir la fatigue de la journée mais surtout la lassitude commence à me gagner, je branche alors mes écouteurs et continue en musique, l’effet est libérateur.
Objectif atteint le 1er jour mais…
Malgré une déviation surprise sur le « chemin de l’énergie » au niveau du kilomètre 64 (faisant passer par un col plus haut que prévu…), j’arrive comme espéré vers 19h30, 20h au kilomètre 81 +4270 -4195, après 15h d’effort. Le repas est copieux comme j’en rêvais depuis 2 bonnes heures, des pâtes au pesto faites en Italie… le cliché, mais quel pied ! Je me ressers 2 fois ! Pendant le repas j’envisage d’aller me coucher (21h) et de me réveiller tôt vers 3h pour partir à la fraîche, le plan est prêt… et vacille complètement quand j’entre dans le dortoir !!! Déjà 4 personnes dorment…. et surtout ronflent terriblement fort, un vrai concerto… Je décide de repartir… Quitte à ne pas dormir autant avancer!
Je prend mon road book, je l’analyse et je décide de partir pour 21 kilomètres de plus et de dormir à Isola 2000 au km 102, j’estime mon arrivée vers 1h du matin, ma seule crainte est de me perdre dans la nuit. Je repars donc dans ma marche en avant, très vite changement d’ambiance, je ressens multiplié par 10 comparé à la journée le poids de la solitude, la peur me gagne peu à a peu. Au bout de tout juste 15 minutes je m’arrête, je réfléchis, je m’offre la possibilité de faire demi tour… après tout je ne suis pas à plus de 2 km du dernier refuge… Mais en réfléchissant à tout ça, je coupe ma lampe frontale, et regarde le ciel… quelle chance j’ai d’être ici à ce moment précis, la clarté est exceptionnelle, la densité d’étoile est folle, je suis admiratif, j’ai moins peur, je prend la décision de continuer mais de mettre mes écouteurs afin de ne plus réfléchir au moindre bruit que j’entends.
2h du matin, arrivée à Isola
Impossible de se perdre tant que la lucidité est là, il faut remercier le département 06 pour le balisage au top de cette GTM ( Grande Traversée Mercantour ). J’arrive avec 1h de retard sur mes prévisions, l’avancée nocturne est plus lente, les jambes sont plus lourdes mais la fraîcheur nocturne fait un bien fou. Il est 2h du matin, plus rien est ouvert à Isola 2000, je dors donc devant un hôtel dans ma veste, encore une fois les conditions sont idéales, j’y suis bien, je n’ai pas froid, je ne ressens pas d’humidité…. quelle chance.
Couché 2h, levé 5h. Dans l’euphorie de la veille je repars avec un énorme sourire, j’ai déjà fait 102km, je suis clairement dans mes estimations hautes, voir très haute, presque non envisagée… mais la journée sera bien différente en ce jour 2.
Jour 2, la lutte
Je n’avance plus, je lutte, j’ai mal aux épaules, chaque pas est un effort terrible, et je ne l’accepte pas. Difficile de passer de la forme de sa vie à l’enfer…. ou plutôt à la réalité. Bien entendu que je n’allais pas repartir aussi vite que la veille, bien entendu … mais je l’avais sans doute espéré en m’endormant.
La chaleur revient avec le soleil. Les maux d’estomac arrive…. pour la première fois de l’aventure je commence à me demander ce que je fais là, au milieu de nulle part. Ne ferais-je pas mieux de tout arrêter étant à peine à la moitié…
Tant bien que mal j’arrive au kilomètre 135 vers 14h au lac de Trecolpas. Je craque, je m’arrête, je décide de me baigner. L’eau est fraîche mais fait un bien fou, puis je fais une sieste et repars vers le kilomètre 140, la madone de Fenestres où pour la première fois le réseau 3G est reçu par mon téléphone. Je découvre les messages de mon frère, du team d’entrainement « chaton », de mes amis, je ne crois pas qu’il y a meilleur remède que ça, je suis toujours épuisé mais le moral est remonté au top, plus question d’arrêter quoi que ce soit, ça prendra le temps que ça prendra mais je finirai cette traversée.
Dans mon manque de lucidité je me rend même pas compte que je suis bien en avance sur mes estimations. j’avais prévu de dormir ici le soir du jour 2 au 2 tiers tout simplement… grâce à la belle avancée du jour 1.
Je repars du km 140 et de la madone de Fenestres avec l’objectif de dormir au kilomètre 170 « camp d’argent ». Mon avantage a partir d’ici c’est que je connais les sentiers par cœur, ça va aider. Surtout, la beauté des paysages n’est pas prête de s’arrêter, je vais entrer dans la vallée des merveilles.
Fin du jour 2
J’arrive vers 23h30 à camp d’argent après avoir profité d’un coucher de soleil magnifique en haut de la cime du diable, je téléphone à mon frère je lui donne rendez vous le lendemain matin au km 190 à Sospel vers 9h pour finir avec lui.
5h de sommeil réparatrices s’en suivent, je repars à 4h30, pour les 42 derniers kilomètres, un dernier marathon avec du dénivelé et des cailloux et ça en sera finit. Je ressens moins la fatigue que la veille, l’odeur de la fin sans doute, l’idée de retrouver mon frère aussi.
Départ 4h30 à la frontale, arrivée sans encombre à Sospel à 9h comme prévu après avoir profité de mon dernier levé de soleil de l’aventure, je m’assois et je réalise que je n’ai plus mes bâtons… Manque de lucidité évident, l’euphorie m’évite de trop ressentir la fatigue physique et le manque de sommeil, mais la preuve est là je ne suis plus lucide, j’ai laissé mes bâtons sur les sentiers et je ne m’en rend compte que 20 kilomètres plus tard…
Je finis avec mon Frère
Mon frère arrive, pour les 22 derniers kilomètres, qui vont passer très vite grâce à lui, blague, souvenir tout y passe… et enfin on aperçoit la mer… cette fois ça sent la fin !!!
Dernier passage dans les marches du vieux Menton et arrivé sur la plage de la Sablette ! C’est fini !
212 kilomètres, +11200 -13000 de dénivelé, 57h !
Un chrono jamais vraiment envisagé avant le départ et pourtant plus d’une fois l’impression de souffrir plus que ce que je pensais et de pas avancer…
Surprise à l’arrivée, tenus informé de mon avancée par mon frère, 2 journalistes de Nice Matin sont à l’arrivée pour officialiser le chrono. Quelques photos et questions plus tard, il est désormais temps de fêter ça et de se reposer, enfin.
Je ne peux que remercier tout ceux qui m’ont encouragé par message et mon frère qui m’a aidé à finir… première fois que je pars en solitaire sur un défi de ce type. Merci a tous ceux qui m’ont porté, aujourd’hui le sentiment de plénitude domine, je suis aussi heureux qu’épuisé.
Un échantillon de nos coaches trail
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PAs mon truc la course à pied à la base mais alors là quelle horreur… Ça a du être un de ces calvaires… Y’en a qui sont vraiment maso !
Ca doit être super usant pour le corps. Il a du mettre des jours à revenir à un état normal…
Beau défi bravo !